Paris Basmati

Des nouvelles de la Ville Lumière?

vendredi, mars 24, 2006

Cépéeuh [part three]


J'ai fini par m'impliquer un peu. Samedi...
On avait prévu d'aller aux Puces avec C. et E. mais c'était avant que notre métro ne passe au dessus du cortège des manifestants. Six kilomètres de gens qui défilent en frappant dans les mains, y a pas à dire, c'est vachement impressionnant. La tentation était trop forte, on a sauté du train. Pour des photos, au départ, pour vivre l'événement, ensuite, et puis, aussi, parce que, même si ça me concerne pas, tout ça, ça fait pas de mal de montrer à ces gens que je les soutiens. Pas forcément quand ils bloquent les unifs pour jouer les nouveaux soixanthuitards (ça, pour être honnête, ça m'fait un peu rigoler). Mais quand ils marchent. Quand ils chantent. (Si j'avais l'porte-feuille de m'sieur Chirac, j'bosserais pas au Mac Do, pour me payer la fac. Tube pourri des Wampas transformé en un truc vraiment bien) Quand ils se battent...

C'était un jour de grand soleil, un peu irréel. On a marché comme ça pendant une heure, deux heures, je sais pas très bien. Dans des rues de Paris que je ne connaissais pas... Y a eu quelques pauses, beaucoup de photos, une chasse aux anarchistes pour E. et des sourires au coin d'nos yeux. Quelques interrogations personnelles, aussi. Sur la vie, sur Attac, sur l'hypothèse d'un réel engagement de ma part, un jour, dans quelque chose.
Puis on a vu se profiler le but ultime de la manif: la Place de la Nation.
Et l'ombre des casseurs a commencé à se dessiner...
Pas vraiment tout de suite. (On a eu le temps d'aller se faire arnaquer chez un chinois dont la politique d'affichage des prix est assez obscure)
Mais après.
Quand on est sorties...

Une fumée noire flottait dans une rue à gauche et des gens plus ou moins masqués vidaient toutes les poubelles à la recherche de projectiles. A l'avant, un punk raciste agitait un drapeau noir au nez de CRS immobiles.
Un doux chaos s'installait dans l'atmosphère. Electrique...

Casser pour casser.
Incendier des voitures, briser des vitrines et, surtout, surtout, surtout, se faire un CRS, parce qu'un CRS, c'est forcément con, et qu'on s'en fout qu'il reste impassible sous la pluie de projectiles, attendant Dieu sait quoi pour agir, on s'en fout, on dira que c'est lui, d'façons, on dira qu'il a provoqué, que c'est qu'un sale robot de Sarko, télécommandé pour faire chier les braves gens et qu'il a que c'qu'il mérite, ce connard.

Ils étaient des centaines, je crois, à casser activement, casqués, musclés, se relayant aux premières lignes. Et des dizaines, au moins, à les encourager de loin, à vouloir la bagarre, à attendre le sang. Le tout, sous les yeux d'une masse de curieux partagée entre panique et excitation. Mouvements de foule, insultes à Sarko, envie d'en savoir plus, impatience de raconter ça aux copains... Y avait tout ça, ce soir-là, sur la place de la Nation. Et parmi les curieux, y avait C., E. et moi (remarquez que si je m'appelais Pauline, on aurait fait CPE, à nous trois) Aimantées par le truc, incapables de quitter la place avant d'y être obligées, une demi heure plus tard, en même temps que tout le monde parce que nos yeux piquaient et qu'on éternuait bêtement.
Ils ont gazé la place.
Ils ont fait le ménage.
Et nous avons été manger un couscous gratuit.

C'est tout ce que j'avais à dire sur le CPE.

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