Paris Basmati

Des nouvelles de la Ville Lumière?

vendredi, juillet 07, 2006

Et je n'ai pas regretté d'avoir osé oser près du pont Mirabeau un soir au bord de l'eau


Depuis vendredi, la vie s'est écoulée étrangement, comme fondue dans une émotion indéfinissable: une joie molle, teintée d'amertume. J'ai sorti toutes mes affaires de leurs sacs et entrepris de leur retrouver une place dans ma chambre. Ca m'a pris une semaine...

Je n'avais pas prévu ça. Rien de tout ça... Je me revois il y a un an, un an et demi, en proie à d'incessants questionnements d'avenir. Et je me souviens de ce soir de marsavril (non, ce n’est pas une faute de frappe, "marsavril" est un concept à part entière, auquel je tiens : le moment où tout s’éclaire) où la solution m'est apparue par sms. A moins que ce ne soit par mail? D. était assez excitée par ce qu'elle m'annonçait. Moi, je trouvais ça plutôt perturbant... Ainsi, il me serait encore possible de faire le master en un an, à partir de septembre? Tout en partant en erasmus? J'étais persuadée, à ce moment, d'avoir trouvé ma voie pour l'année qui s'annonçait. J'allais me noyer dans les stages, multiplier les expériences professionnelles, assister Benoît Mariage sur son prochain film. J'allais devenir quelqu'un! Ou rien... Traîner mon angoisse existentielle sur les bancs du chômage. Ce soir-là, tous ces beaux projets ont été pulvérisés en trois secondes. Par la force d'un sms. Ou d'un mail?

Paris, Paris, Paris... J'allais vivre là-bas! Enfin! J'aurais pu partir à Séville aussi. J'y ai même sérieusement songé à un moment. Mais Séville serait la ville des problèmes linguistiques alors que Paris était la ville du coeur. On m'a souvent demandé pourquoi j'avais choisi une ville francophone. Je n'ai jamais pu fournir de réponse correcte sur ce point. J'ai dit que j'avais peur. De la langue. Et c'était vrai. Mais je crois que j'ai surtout voulu suivre mon coeur...

Les derniers mois de 2005 se sont écoulés à un rythme effréné et ensuite, plus rien ne s'est passé comme je l'avais prévu. J'avais pensé vivre à Paris un isolement plus grand qu'à Bruxelles. J'allais être la petite provinciale perdue dans la métropole sans âme. Et il m'excitait, cet isolement. J'allais souffrir (un peu) et écrire (beaucoup)! Ce serait bien! J'avais pensé recevoir un nouveau trousseau de clés, aussi. Trousseau de clés que je trouvais éminemment littéraire (je me voyais déjà écrire: "j'ai deux trousseaux de clés, à présent...", savourant l'infinité de possibilités cachée dans ce simple enchaînement de mots) et que, pour cette raison, je fantasmais depuis des semaines. Mais pour ouvrir les multiples portes qui séparaient ma chambre à la maison des Belges de la violence du monde extérieur, je n'ai eu droit qu'à une carte. Carte que j'ai maintes fois oubliée, perdue, démagnétisée, injuriée, honnie. Carte qui me manque un peu, à présent... (allez comprendre) Quant à mon isolement, il a été peuplé comme jamais. D'ombres, de silhouettes, de figurants mais aussi d'acteurs. De vrais acteurs. Le genre qu'on n'oublie pas quand le film se termine et auquel on repense, des années plus tard, avec encore cette pointe d'émotion extraordinaire qu'ils nous ont procurée dès leur apparition à l'écran. Je n'ai rien écrit. Ce blog, quelques lettres et un travail de 15 pages. Rien d'autre. Mais j'ai emmagasiné de la matière pour écrire toute ma vie. Si je veux.
Si je peux...

Je n'avais pas prévu ça. Rien de tout ça. Mais je crois que pour la première fois de ma vie, mes rêves, pourtant fous et foisonnants, étaient en deçà de la réalité.
Alors, je me dis que c'est normal, d'être un peu sonnée, après ça...
C'est normal...
Et ça passera...
Ma chambre est déjà presque rangée, là.
C'est un bon début...

3 Délicieux champignon(s)

  • At 2:06 PM, Anonymous Anonyme said…

    Je voulais juste te remercier pour ce blog. J'ai pris du plaisir à te lire, j'ai aimé apprendre toutes ces choses sur Paris, et sur toi...

    J'espère que j'aurais encore l'occasion de te lire, ta prose est juste belle... Tu amènes les choses tout en finesse, avec simplicité et humour,et j'espère sincèrement que d'autres auront la chance de découvrir ça.

    je t'embrasse, à bientôt...

     
  • At 12:01 PM, Blogger Phiphine said…

    Waw! Je... Euh... Je ne sais pas quoi dire. Merci! Ce commentaire est vraiment touchant!

    J'espère te voir bientôt, petite Shpres, autour d'un verre ou quelque chose du genre, pour que tu me racontes ta vie pendant ces six derniers mois!

    Je t'embrasse aussi et encore merci :)

     
  • At 7:14 PM, Anonymous Anonyme said…

    Lire le blog en entier, pretty good

     

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